Jean-Baptiste Andréa, Des diables et des saints, L’Iconoclaste.

« Et puis un jour, au détour d’une sonate, j’ai saisi. Personne n’a pensé que Dieu était peut-être, tout simplement, sourd comme un pot ? Qu’il l’était déjà quand son fils a lancé Eli, Eli, lama sabachthani, pourquoi m’as-tu abandonné ? Qu’il n’a abandonné personne, qu’il a bien vu les lèvres bouger, les lèvres blêmes de son enfant, mais qu’il n’a pas compris ? »

« Parce que tu n’entends pas. Beethoven était complétement sourd quand il a écrit ce morceau. Mais il entendait. Ce que je joue, et je te joue l’un des plus beaux adagios de l’histoire – regarde leurs figures si tu ne me crois pas -, ce que je te joue, je ne le cherche pas en dedans. En dedans je suis vieux, malade, en dedans je suis vide, d’autres hommes y ont veillé, en dedans je suis sale. Pour jouer comme ça, tu devras prendre le goût du dehors. Là tu trouveras le rythme. »

Malgré une pile à lire qui est bien fournie, et dont j’ai envie de lire chacun des livres qui s’y trouvent en même temps, je ne résiste pas à la parution de certaines nouveautés, d’auteurs que j’affectionnent particulièrement. Jean-Baptiste Andréa fait parti de ces auteurs. Je l’ai découvert au Livre sur la Place, alors qu’il présentait son livre précédent. Plus je l’entendais parler de ce dernier, plus j’avais envie de le lire. Le lendemain, je me suis rendue à son stand, où nous avons discuté autour de la musique. Etant musicienne, c’était un plaisir d’échanger sur ce sujet. J’avais adoré l’idée de bande son qui était sortie pour illustrer son précédent roman ! Quand j’ai vu que Des diables et des saints parlait – entre autre – de musique, je n’ai plus résisté et j’ai ouvert le livre directement…

Joseph a un certain âge, et est pianiste. Enfin, non, pas tout à fait : il n’a pas de piano et n’est pas connu. Il joue avec les pianos des autres, ceux qui appartiennent à tout le monde, et à personne, ceux mis à disposition dans les gares ou les aéroports. Les passants sont unanimes, émerveillés par son talent. Un voyageur, qui s’étonne qu’il ne joue pas ailleurs que dans cette gare, l’entraîne à raconter son histoire, celle de diables, et de saints…

Des diables, des saints, sont-ils deux entités distinctes ? Ce roman a une temporalité duale: on suit à la fois les aventures d’un Joseph âgé, libre, et celle de son double, jeune, vivant dans un orphelinat. On plonge dans l’histoire de ce jeune garçon, dans cette quête qui l’a conduit dans cette gare. Un livre qui nous emporte, un peu à la façon du Grand Meaulnes, dans un monde ancien, où la jeunesse et les découvertes qui lui sont associées sont mises au premier plan. A lire sans plus attendre, au Clair de lune, avec un peu de Beethoven dans les oreilles.

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