« Que crois-tu donc avoir été ? un dandy venu d’une autre époque ? Crois-tu vraiment que tu venais de nulle part ? As-tu oublié ces centaines de milliers de kilomètres chaque année que tu faisais ? mordre sur tes dents que tu disais… t’as oublié le prix payé pour te sentir le week-end gai et spirituel en claquant ton fric, le prix de la route tu l’as oublié et celui de tes clients aussi qui t’emmerdaient au point que tu ne leur répondais plus, t’as oublié ? Crois-tu avoir été unique ? Exceptionnel ? Tes souvenirs ont fait de moi un mythe. Le pire c’est que tu te crois encore anti-conformiste mais quand donc vas-tu me lâcher les bretelles Walter ! »
« Au hasard il avait tapé dans Google Le Problème du commis voyageur (The Salesman’s Problem) et avait découvert avec stupeur qu’il s’agissait d’un problème mathématique, un algorithme ! Un monde gigantesque s’ouvrait à lui. Richard avait donc vu juste en martelant à tout le monde que les déplacements d’un commis voyageur posaient problème, les scientifiques même le disaient que c’était mathématiquement insoluble et depuis des lustres ! Quelle trouvaille ! Quelle énigme ! »
Alors que certains départements se voient confiner le week-end, il est temps – si vous avez une pile à lire qui s’épuise – de faire les stocks ! Pour ma part, je ne suis jamais à court de livres, tant ma bibliothèque regorge de romans achetés, trouvés, donnés, qui sont encore à lire ! En cette fin février, je vous présente le dernier roman d’Emmanuelle Florquin, que je remercie d’ailleurs pour l’envoi de son livre. Pour une férue des mathématiques que je suis, j’ai trouvé le titre très original et il m’a fait me poser plein de questions sur l’intrigue qui pouvait se dessiner derrière…
Walter était un commercial. L’un des meilleurs, au chiffre d’affaire annuel qui explose. Pourtant, lorsque son ancienne entreprise veut lui faire signer un contrat, cela n’a plus rien à voir. Les directeurs ne sont plus les mêmes, et le nouveau a clairement une dent contre Walter. Entre bâtons dans les roues, rabaissement et pièges tendus, Walter continue pourtant inlassablement à travailler du mieux qu’il peut. Comment ce personnage va-t-il se construire dans ce monde du travail en contraste avec ce qu’il a pu connaître dans une autre époque ?
Ce roman est le premier tome d’une trilogie. Si l’histoire de ce livre peut sembler banale, j’ai apprécié la façon dont elle est conduite. Les dialogues, qui pourraient très bien être adaptés sur une scène, donnent à ce texte un air de l’Atelier Volant de Valère Novarina, où le monde du travail est scindé en deux, d’un côté les employés prisonniers de la chaîne du travail, et de l’autre un patron à l’insolence des plus parfaites ! Walter apparaît ici comme le prisonnier de son patron, sa marionnette, et il est dépassé par ce nouveau monde de fonctionnement. Un roman qui se veut être une réflexion sur le monde du travail, dans laquelle – en amateur de théâtre – nous pouvons voir une dimension cathartique.

