Valentin Musso, Qu’à jamais j’oublie, Seuil.

« L’homme ne réagit toujours pas. Qu’avait-elle imaginé ? Que la simple évocation de son nom ferait naître chez lui de la panique ? Que le voile se lèverait ? Il n’a pas encore vu l’objet qu’elle tient dans sa main. Pourtant, elle ne le dissimule pas vraiment. Elle tient le couteau parallèlement à sa cuisse droite, collé contre son paréo encore humide. Dans un placard de la cuisine de sa chambre, elle a choisi le plus gros et le plus tranchant. »

« J’ai l’impression que ma tante me ment. Quelle raison aurait-elle pourtant de le faire dans la mesure où elle aurait pu ôter sans difficulté cette photo de la boîte ? Peut-être suis-je en train de devenir paranoïaque. Et si elle avait raison ? Si parfois, dans la vie, il n’y avait rien à comprendre ? A l’exception de ce cliché, je n’ai rien trouvé de concret, et lorsqu’on ne trouve rien, on est enclin à se raccrocher à des choses insignifiantes, à tout voir à travers le prisme de ses obsessions, pour ne pas perdre espoir. »

Si la situation sanitaire a eu des impacts dans bien des domaines, à titre personnel, le premier confinement et l’ambiance pesante que nous connaissons depuis mars 2020, m’ont dirigée vers d’autres lectures. Moi qui n’étais pas une grande amatrice de thrillers, romans à suspense, je me retrouve désormais plus dans ces lectures que dans les romans feel good que j’adorais lire il y a encore un an. Quand j’ai vu cette couverture du dernier Valentin Musso, j’ai tout de suite eu envie de le lire. Il y a bien longtemps, alors que j’étais jury pour le Prix Baie des Anges, j’avais pu lire un de ses premiers romans, auquel je n’avais pas bien accroché. C’était donc l’occasion pour moi de lire à nouveau cet auteur…

Nina Kircher, alors qu’elle séjourne dans un hôtel à Avignon, le reconnaît. Elle le suit. Elle le poignarde avec un couteau. Pendant ce temps là, son fils Théo accueille les amateurs d’art, venus voir l’exposition des photos du photographe renommé Joseph Kircher. Quand Théo apprend la terrible nouvelle, il se rend chez sa tante Maud, à Antibes. Alors qu’il ne sait pas comment comprendre le geste de sa mère, il trouve une photo d’elle, jeune, devant un endroit qu’il ne reconnaît pas… Théo part sur les traces du passé de sa maman. Qu’y découvrira-t-il ? Pourra-t-il aider sa maman à sortir de cette situation qui semble sans appel ?

J’ai adoré ce roman ! Du suspense, des rebondissements comme on les aime, et une toile de fond véridique. Pour la professeur de lettres que je suis, j’ai été très sensible à la plume de l’auteur: une écriture à la fois délicate et poignante, qui remet au goût du jour certains mots de vocabulaire qui ont, hélas, tendance à disparaître… En plus, à la lecture de ces quelques lignes, c’est comme si j’y étais… Ayant grandi, moi aussi, à Antibes… « Heureusement, Camille est capable de marcher droit et je me contente de le tenir par le bras pour sortir. Nous remontons à pas lents le boulevard pour rejoindre l’esplanade du Pré-aux-pêcheurs. Le Fort Carré, illuminé, se reflète dans les eaux du port. J’aime bien cet endroit; rien n’y a changé depuis mon enfance. » C’est vrai, même si le temps où cette esplanade était un parking, le cadre n’a pas changé, et c’est toujours une douce sensation que de se promener près du port, et de franchir la porte marine…

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