Frédéric Baptiste, L’étoffe de nos rêves, Julliard.

« Arthur est mort ce matin et Gaëlle est à présent tondue. Il le fallait. Si elle n’avait pas trouvé de ciseaux, elle se serait arraché les cheveux un à un. Quitte à se rendre laide. Son apparence physique n’a plus aucune importance. Tandis qu’elle rassemble les mèches éparses sur le carrelage et les dépose dans la poubelle, une phrase lui revient en mémoire : « Être, ou ne pas être, telle est la question ». »

« La vie est éphémère, pensera-t-elle, comme le rêve que nous en aurions si nous vivions endormis- ce que nous sommes peut-être… Peut-être sommes-nous le rêve d’une entité existant dans une réalité parallèle, ou d’une personne du passé qui imagine et projette son utopie dans le futur. Ou bien le rêve d’une personne assoupie dans le futur, qui cherche les clés de sa vie dans un passé qu’elle réinvente. Qui sait où se trouve la vérité fondamentale de ce que l’on vit ? « 

Aujourd’hui, je vous présente ce roman coup de cœur pour de multiples raisons. Mais avant d’en venir au roman lui-même, un éclairage sur la photo, et une spéciale dédicace à ma Holly, partenaire de théâtre lorsque nous étions en option lourde au lycée. Tu m’avais offert cette boîte à secrets, petit lutin de la forêt, pour mon anniversaire, il y a plus de dix ans. Elle trône toujours sur mon étagère d’objets fétiches et précieux- et va tellement bien avec le Songe d’une nuit d’été (fil conducteur de ce roman). On aimait déjà Shakespeare, et notre troupe lycéenne mettait en scène la Nuit des Rois. Je m’en souviens comme si c’était hier, l’essayage des costumes d’époque confectionnés par nos camarades de la section couture. Vous l’aurez compris, une raisons de ce coup de cœur est la part importante de théâtre qui prend part à l’histoire ici.

Gaëlle, bientôt dix-huit ans, perd son frère d’une maladie. Contre la volonté de ses parents, mais pour respecter celle de son frère, elle entreprend un périple vers l’île où repose prétendument le roi Arthur, pour y disperser les cendres de son frère. Au-delà d’une aventure, c’est le chemin de la construction de soi qu’emprunte Gaëlle.

Coup de cœur pour ce roman ! Des émotions brillamment décrites, ressenties par le lecteur. L’auteur nous entraîne dans les pas de l’adolescence, avec ses interrogations, sa fragilité qui contraste avec des convictions que l’on croit immuables. La place du théâtre permet d’aborder de façon poétique les questions des personnages, si importantes, puisque, si « le monde est un théâtre » , ne sommes-nous pas tous comédiens ?

Et quel bel hommage à Shakespeare !

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